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August 13 2019 - 2:32 PM
Manifestations à Hong Kong: deuxième journée de chaos à l'aéroport (PAPIER
GENERAL-ACTUALISATION)
Par India BOURKE, Catherine LAI
=(Photo+Video)=
ATTENTION - Ajoute déclarations ///
Hong Kong, 13 août 2019 (AFP) - L'aéroport de Hong Kong a connu mardi une
deuxième journée de chaos avec la suspension ou l'annulation de centaines de
vols du fait des manifestations pro-démocratie, le gouvernement local les
accusant de précipiter la ville sur "un chemin sans retour".
Alors que des dizaines de milliers de passagers étaient pénalisés par cette
nouvelle action coup de poing des contestataires, la Chine est montée d'un
cran dans la menace d'intervention, au travers de vidéos diffusées par ses
médias officiels montrant des forces se massant à la frontière de la région
semi-autonome.
L'ex-colonie britannique traverse sa plus grave crise politique depuis sa
rétrocession à Pékin en 1997. Parti début juin du rejet d'un projet de loi
hongkongais qui entendait autoriser les extraditions vers la Chine, le
mouvement a considérablement élargi ses revendications pour dénoncer le recul
des libertés et les ingérences de Pékin dans les affaires intérieures.
Au cinquième jour d'une mobilisation sans précédent à l'aéroport, les
contestataires ont obstrué les allées et passages conduisant aux zones
d'embarquement des deux terminaux.
En réaction, les autorités aéroportuaires ont pris la décision d'annuler
les procédures d'enregistrement pour tous les vols prévus à partir du milieu
de l'après-midi.
- "Situation inquiétante" -
"Les opérations aux terminaux de l'aéroport international de Hong Kong ont
été sérieusement perturbées en raison d'un rassemblement public", ont indiqué
les autorités aéroportuaires dans un communiqué.
Lundi, l'aéroport avait déjà pris la décision rarissime d'annuler des
centaines de vol, en raison de la manifestation. Et si les décollages et les
atterrissages avaient brièvement repris mardi matin, des dizaines de milliers
de passagers ont été affectés.
La cheffe de l'exécutif hongkongais - qui est désignée par Pékin -, Carrie
Lam, a de nouveau mis en garde mardi contre les conséquences pour la région
semi-autonome, une des capitales mondiales de la finance.
"La violence, que ce soit son utilisation ou son apologie, poussera Hong
Kong sur un chemin sans retour et plongera la société hongkongaise vers une
situation très inquiétante et dangereuse", a affirmé Mme Lam lors d'une
conférence de presse.
"La situation au cours de la semaine écoulée m'a fait craindre que nous
ayons atteint cette situation dangereuse", a-t-elle ajouté, les larmes aux
yeux.
Mais cette déclaration a tout sauf dissuadé des milliers de manifestants
qui sont retournés mardi après-midi manifester à l'aéroport, le huitième le
plus fréquenté au monde avec 74 millions de passagers par an.
- Barricades de chariots -
Mais contrairement aux sit-in pacifiques dans le hall des arrivées de ces
derniers jours, les protestataires souvent vêtus de noir -couleur emblématique
du mouvement- et pour la plupart masqués ont cette fois bloqué les accès des
zones de contrôle de sécurité.
"Je veux que nous fermions l'aéroport comme hier pour que les vols en
partance soient annulés", a déclaré à l'AFP un étudiant de 21 ans se faisant
appeler Kwok.
Les manifestants ont érigé des barricades avec des chariots à bagages pour
bloquer les accès des zones de sécurité, avant de former une chaîne humaine
pour empêcher les passagers de passer.
Lundi, c'est une foule de plus de 5.000 personnes qui avait envahi
l'aéroport pour dénoncer les violences policières. Les autorités
aéroportuaires avaient alors annulé tous les vols restants dans la journée.
Mardi matin, le trafic avait repris progressivement à l'aube mais des
centaines de vols demeuraient annulés, avant même que l'aéroport ne replonge
dans le chaos dans l'après-midi.
"Défendez Hong Kong! Défendez les libertés!", scandaient les manifestants
alors que, sur les murs, certains avaient tagué: "Oeil pour oeil!".
Le slogan a été adopté par les manifestants en référence à une femme qui a
été grièvement blessée au visage dans des échauffourées dimanche soir.
Des médias ont rapporté qu'elle avait perdu un oeil et les protestataires
soutiennent qu'elle a été touchée par un projectile tiré par la police, ce qui
témoigne selon eux d'un usage démesuré de la force par les autorités.
- "Terrorisme" -
Nombre de passagers coincés continuaient d'afficher leur solidarité avec
des manifestants qui ont su gagner la sympathie de l'opinion.
"Ces manifestants sont les personnes les plus adorables du monde", souriait
Pete Knox, 65 ans, qui réalise un tour du monde de dix mois avec son vélo.
Il était censé s'envoler pour Ho Chi Minh mais n'était pas sûr que son
avion, a priori maintenu, décollerait. "Je comprends le fond de leur
mobilisation qui concerne la liberté et la démocratie, deux choses capitales."
Mais certains commençaient aussi à perdre patience.
"Je n'ai rien contre les manifestants, mais on a cinq heures de retard",
pestait Wing Au-yeung, 50 ans, en escale à Hong Kong pour récupérer sa mère
avant de partir en Corée du Sud en famille. "Ils font ce qu'ils veulent mais
ils ne devraient pas gêner les gens."
La mobilisation, de plus en plus marquée par des heurts entre radicaux et
forces de l'ordre, constitue un défi inédit pour le gouvernement central qui a
dit lundi y déceler "des signes de terrorisme".
Mardi, des médias officiels chinois ont renchéri et qualifié les
manifestants de "gangsters", en affirmant qu'ils ne seraient jamais en paix et
en faisant planer le spectre d'une intervention des forces de sécurité.
Deux médias publics, le Quotidien du peuple et le Global Times, émanations
directes du Parti communiste, ont diffusé des vidéos censées présenter des
blindés de transport de troupes se dirigeant vers Shenzhen, métropole aux
portes de Hong Kong.
bur-sah/jac/lch